Review 'Lunar Clock II' by ProgCritique (France)
J’avais découvert le groupe néerlandais Lunar Clock par le biais de son premier album, The Scream Of Nature, inspiré par l’art très particulier de Munch, dont son fameux Cri. Il y avait un côté symphonique teinté d’expérimental dans ce premier album. Aucune référence extérieure par contre pour leur deuxième album qui s’intitule sobrement Lunar Clock II. Je vous laisse le soin de découvrir vous-même sur la page de l’album (*) les explications et les concepts qui sous-tendent cette nouvelle musique. Du côté des musiciens, c’est un trio qui est ici crédité. Robin Boer (vocaux, claviers) et Karsten van Straten (batterie, percussions) sont toujours de la partie, tandis que Achille Regazzoni prend son service à la basse et guitare.
L’album semble structuré autour de deux parties, la première étant encadrée par les deux titres « Night Owl ». Une courte intro, sous-titrée « Announcement » offre un moment musical étrange animé d’un tempo très lent. Quelques accords percutants, des vocaux évanescents, pour une atmosphère très psychédélique… « Sateria » débute d’ailleurs sur cette même atmosphère, et puis la basse se lance dans une ligne alerte, très jazz rock. Les claviers interviennent alors, confirmant le style jazz-rock. Plus loin, on observe un net ralentissement, le temps d’un passage chanté toujours très psychédélique, rappelant les premiers Pink Floyd. Le jazz-rock mouvementé reprend peu à peu pour nous amener sur une conclusion plutôt lumineuse.
A la sérénité de son prédécesseur, « Metaphors » oppose une ambiance plus rêveuse, teintée de mélancolie. La musique, parfois très dépouillée, nonchalante, vous fait tranquillement voyager en apesanteur sur une douce mélodie en mode majeur.
« Oculus Lunae / Oculus Terrae » oppose deux réalités : la première est triste et monotone, la deuxième, tout en brodant sur la même mélodie, apporte une certaine puissance. « Night Owl (Conclusion) » termine la première partie de l’album. Les synthés se lancent dans un duo entre une mélodie rapide et une partie de basse lente et sévère. On image assez bien un dialogue qui pourrait se tenir entre un violon ou une flûte et un violoncelle. La musique bascule alors dans un autre monde aux sonorités étranges, le temps de lancer un nouveau jazz-rock furieux et hypnotique. La longue coda se fera dans une ambiance à nouveau plus sereine, où de longs accords servent de base aux trépidations de la basse et d’une ligne mélodique qui prend parfois des accents de clarinette.
« Where the Birds Hide » nous conte avec beaucoup de douceur et un joli balancement rythmique l’histoire de deux oiseaux, l’un diurne, l’autre nocturne. C’est le moment poétique et bucolique de l’album, du moins pendant la première moitié du morceau. L’entrée en scène du deuxième représentant de la gent ailée conduit à une montée en régime pour laisser filer un jazz-rock échevelé et expérimental. La rencontre des deux protagonistes se fait en terrain neutre, au crépuscule donc, sur un mix musical des deux parties précédentes. Voilà un superbe instrumental!
« Life Through Corridors » s’inspire du texte chinois ancien Les 36 Stratagèmes, qui traite de stratégie militaire. Guitare acoustique et voix baryton / basse lance ce morceau d’abord très méditatif. La section rythmique impose alors un tempo de marche lente. Quelques hauts et bas en matière de dynamique sonore nous amènent à la puissante coda.
Pour terminer « The Dreamer » se veut le symbole de la danse sans fin entre nos aspirations et nos angoisses. Cela débute par une quinte sèche, vous lui rajoutez deux octaves et vous lancez une douce musique dont le tissu harmonique et mélodique rappelle le fameux Prélude en ut de Bach qui inaugure le Clavier bien Tempéré. Le rêve quoi ! Un motif de batterie interrogateur nous suspend quelques secondes, sans que l’on sache vers quoi on va évoluer. Et bien non, ce ne sera un pas un nouveau jazz-rock rageur, mais la poursuite du rêve qui oscille d’abord entre mode mineur et majeur, avant de basculer définitivement en mode majeur dans un superbe cantique profane.
Avec son Lunar Clock II, le groupe néerlandais acquiert ses lettres de noblesses, perpétuant une longue tradition de rock symphonique et mélodique qu’ont exploré avec bonheur des Kayak, Focus et quelques autres. La musique de Lunar Clock à ceci de particulier qu’elle s’exprime souvent entre ombre et clarté, sans réellement basculer définitivement d’un côté ou de l’autre. Aux éléments symphoniques et mélodiques déjà mentionnés, on peut ajouter un dose raisonnable de psychédélisme, et une certaine tentation pour l’expérimental ou l’avant-gardisme et bien sûr, le jazz-rock. Le résultat est très original, mais tout très fluide et très musical!
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