Review Progcritique (France)
Groupe néerlandais œuvrant depuis 2014, « Lunar Clock » se décide en 2020 à sortir un premier album entièrement base sur l’évocation de la peinture du norvégien Edvard Munch, dont tout le monde connait le plus que célèbre Cri. 10 morceaux symbolisent différentes œuvres de Munch, connu pour être un précurseur de l’expressionnisme, plutôt torturé, exorcisant ses démons à travers sa peinture. Si comme moi vous n’êtes pas un spécialiste du catalogue de ce génial peintre, profitez-en pour vous documenter! Etant par ailleurs notoirement incompétent en matière de peinture(*), je ne me risquerai pas à faire une lecture comparée musique / peinture.
Lunar Clock se réclame d’une longue liste d’influences majeures dont je vous laisse juge: YES, Genesis, King Crimson, ELP, Frank Zappa, Magma, Queen, IQ, Steve Hackett, Ozric Tentacles, Japan, Talk Talk, Kayak, Earth & Fire, les Beatles, les Beach Boys et les Moody Blues. Et bien à l’écoute j’en vois (façon de parler) une autre: Gentle Giant, ce que me font penser certaines parties vocales et étrangetés musicales. Ecoutez plutôt l’intro avec ce « Frieze » purement vocal, dont le titre évoque sans doute le grand cycle thématique de Munch intitulé La Frise de la Vie.
« Skirk » (cri en norvégien) est le prétexte à une musique plutôt planante, traitée en ostinato qui va crescendo pour ensuite se terminer dans le calme et d’étranges volutes de piano. 2 pistes et on frôle à peine les 5 mn d’écoute, c’est dire si on aime la concision chez Lunar Clock. « Sadness Under The Belt Of Venus », se présente de façon plus conventionnelle et aussi plus musclée avec son ostinato de basse et puis poursuit son chemin en mode ballade. « A Winter Storm On Spring Blossom » avec ses vocaux et le traitement de l’orgue me rappelle également Gentle Giant.
« Equal Adoration » s’inspire de 2 représentations féminines de Munch, Cendres et La Dame de la Mer, pour une musique plutôt lumineuse, essentiellement voix, piano, et guitare acoustique. Malgré ce que suggèrent leurs titres, « Bridge Of Anxiety » et « Despair », offrent une musique qui est loin d’être sombre et évolue souvent en mode majeur. II est vrai que les deux tableaux correspondant ne sont pas dénués de couleurs!
Le triptyque final évoque le tableau Métabolisme, sorte de variation moderne sur le thème d’Adam et Eve. Musique désincarnée pour « The Tree Of Life » aux harmonies étranges, qui se prolonge sur quelques notes de guitare et qui nous amène sur les 2 dernières pistes, nettement plus développées. « Mother Nature’s Sanctuary » et son chant simple et mélodieux a la Beatles est plutôt entraînant. Le début de « Spring » évoque le style aérien au possible de certains passages d’« Awaken » de YES. Une fin totalement instrumentale, sur un mid-tempo nonchalant et apaisant, entremêlant synthés et solos de guitare. La coda sur un ostinato de guitare acoustique vous laisse très haut dans le ciel! Superbe.
Belle surprise que ce « The Scream Of Nature », dont la musique est beaucoup plus positive que ne le laissait entendre le lien Edvard Munch et ses noms de tableaux un rien anxiogènes. Comme dit plus haut, la peintre de Munch ne manque pas de couleurs, et du coup la musique de Lunar Clock non plus. Une musique plutôt symphonique, sans longueurs ni langueurs, pour un premier essai parfaitement réussi!
(*) Je sais quand même, grâce à Boby Lapointe que la peinture à l’huile c’est plus difficile mais c’est bien plus beau que la peinture à l’eau.
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